Arrivés à Evreux en fin d’après-midi, il ne nous aura pas fallu beaucoup de temps pour trouver le site du Rock Dans Tous Ses Etats. Pendant ce weekend béni, la ville ne vit plus que pour le festival et tous les gamins du coin se ruent vers l’hippodrome à flux continu, avec la ferme intention de profiter au maximum de ces deux jours de fête. Ça tombe bien, car pour célébrer son trentième anniversaire, Le Rock Dans Tous Ses Etats nous a concocté la recette parfaite. Des valeurs sûres avec The XX, Archive et Klaxons. De l’insolence avec Die Antwoord, Stupeflip et Dope D.O.D. Des génies du rock indé belge (car il faut bien le dire, ce sont les meilleurs dans cette catégorie) avec Absynthe Minded, BRNS et School Is Cool. Et une bonne dose de surprises…
Vendredi 28 juin :
La première d’entre elles ne se fait d’ailleurs guère
attendre! Nous prenons d’entrée de jeu une bonne claque avec Kadavar. Tout en
barbe et crinière de feu, le trio germano-français (le bassiste d’origine a été
remplacé par le Français Simon Bouteloup) rugit un métal-psyché tout droit
sorti des années soixante-dix. Et soudain l’envie nous prend de nous adonner à
la magie noire au rythme de leurs incantations. Mais dès que retentissent les
riches mélodies d’Absynthe Minded, oscillant sans cesse entre « rockmantisme »
et jazz manouche, nos esprits s’apaisent. En grande forme, le groupe originaire
de Gand nous livre, comme à son habitude, une performance très forte en
émotion. Belgitude toujours, nous enchaînons avec BRNS (prononcez Brains). Le
quatuor excité et excitant nous mitraille allègrement et sans ménagement de ses
petites bombes musicales. Ici, fait assez rare pour être noté, le chanteur est
également batteur. Voilà sans doute pourquoi, même s’il nous rappelle souvent
Wu Lyf, la part belle faite à la partie rythmique rend ce groupe unique. En
concluant leur set par le parfait Mexico, les quatre garçons dans le vent nous
donnent des envies de voyage outre-Atlantique. Et c’est exactement là où nous emmène Band of
Horses. Leur musique très marquée par l’imaginaire du western inspire au public
d’étranges danses vaudou qui donne au spectacle d’ensemble un côté très
folklorique ! Mais ce n’est rien encore face à la déferlante que provoque l’entrée en scène de Dope D.O.D.
Ce groupe de hip-hop hardcore néerlandais détruit tout sur son passage. Pour le
plus grand plaisir des festivaliers qui, à bientôt 22h, sont prêts à passer au
niveau supérieur. Ce sera chose faite avec les fantastiques Klaxons. Seul
rescapé de la vague New rave du début des années 2000, le groupe n’a rien perdu
de sa superbe, bien au contraire ! Ex-fluo kids et nouveaux convertis se
déchaînent avec ferveur aux sons addictifs des synthés. Définitivement, « it’s
not over yet » pour les londoniens. La foule se déplace petit à petit en
direction de la scène B où va bientôt se produire Woodkid. La curiosité est
palpable. On se demande bien ce que donne en live l’esthétique grandiose et
zéro-défaut peaufinée par Yoann Lemoine. Le résultat est bien en dessous de ce
à quoi on aurait pu s’attendre. Certes, en direct, l’ensemble de cuivres donne au
tout une dimension plus chaleureuse et humaine que dans les clips. Mais celui
qui ne tient pas la route est Yoann Lemoine lui-même dont la voix n’est pas
toujours posée et la présence scénique hyper étudiée ne laisse aucune place à
l’émotion. Pas grave, bientôt c’est au tour de The XX. Dès leur apparition on
est comme magnétisé par la présence de Romy et Oliver. Le duo use de son
androgynie pour inventer un jeu de scène
ambigu et captivant. C’est beau. On attend avec impatience ce que nous réserve
le lendemain.
Samedi 29 juin :
Deuxième jour. Le soleil s’est invité à la fête et l’humeur
est à la bronzette. Affalés sur la pelouse, certains festivaliers nous laissent
à penser que des choses terribles se sont produites dans le camping durant la
nuit. Il fallait bien du lourd pour ranimer tout ce petit monde et qui de mieux
pour cela que Dead Rock Machine ? Le duo électro ébroïcien visiblement
heureux de jouer chez lui, sur la grande scène de surcroît, fait hurler les
baffles. Et cette machine à réveiller les morts remplit parfaitement le cahier
des charges. Les tubes pleuvent au fil du set et très vite les minishorts se
dandinent sans se faire prier. On continue sur des chapeaux de roues avec les
surdoués anversois de School Is Cool. Deux filles et quatre garçons qui ne
manquent pas d’application lorsqu’il s’agit de faire danser les gens tambours
battants. On les compare déjà à Arcade Fire, mais en plus turbulents alors.
C’est sûr, être en classe avec ces joyeux loustics doit être sacrément cool. Et
c’est de très bonne humeur que nous nous dirigeons à présent vers Poni Hoax. Son
sulfureux chanteur, Nicolas Ker, semble cultiver sa ressemblance avec un
certain Gainsbarre. Avant d’entonner la parfaite Down on Serpent Street, l’homme
congratule son public d’une façon très personnelle: « Merci, tu es bonne
Evreux ! Je vais te fourrer ma salope ! » C’est avec ces doux
mots en tête que nous enchaînons avec les bien plus disciplinés Wave Machines
de Liverpool. Tel Phoenix, le groupe allie classe et funky. Malheureusement, tous
leurs titres n’arrivent pas à rivaliser avec la très cool Keep The lights on. En tous cas en live. Ce sont les français Jil
is Lucky qui leur succèdent sur la scène B. Avec une envie et une énergie
impressionnantes, Jil et ses compères enchaînent sans souffler les hymnes
entêtants qui peuplent leurs deux albums. On en sort lessivés mais heureux. A
peine le temps de reprendre son souffle avec les planants The Black Angels que
débarque Stupeflip ! Ce soir le Crou a sorti la grosse artillerie.
Nouveaux costumes, projections, sacrifice de nounours, tout est bon pour
prêcher l’anti consumérisme. Quitte à traiter son public de « bande de
fils de pute de consommateurs de divertissement », qui ne le prend pas
mal, loin s’en faut ! Le culte Stupeflip
Vite est repris en cœur par tout le monde. Nous les premiers. Au tour d’Archive
de prendre le relais. Les britanniques jouent avec passion. Mais le plus
prenant dans ce concert est la ferveur des spectateurs, qui pour certains sont
venus de loin pour les voir. Pourtant ce soir ce n’est pas Archive la star.
Non, le clou du spectacle ce samedi ce sont bien Yo-Landi Vi$$er et Ninja, le
couple trash de Die Antwoord. Et les sud-africains n’ont pas prévu de nous
décevoir. A chaque titre, et aucun tube n’est épargné, on est comme projeté
dans l’imagerie qui lui est associée. Sur Rich
Bitch, Yo-Landi revêt sa combi dorée. Sur Beat Boy, Ninja arbore son emblématique caleçon Pink Floyd. Même Evil Boy est là pour pointer le bout de
son… nez. Le public devient fou sur Baby’s on Fire et I Fink U Freaky avant que le groupe ne fasse ses adieux sur Enter The Ninja. Difficile de passer
après ça ! Mais ce n’est pas un défi qui effraie Airbourne. Les fils
spirituels et compatriotes d’AC/DC sont venus mettre le feu aux poudres devant
un démentiel mur d’enceintes. Nous restons pour un ultime headbanging avant de
rejoindre la capitale. Les pieds fatigués mais la tête remplie de souvenirs et
de musique !
Interview express: Confidences de
backstage avec Dead Rock Machine
Dancing Feet:
Salut! Alors comment s’est passé ce concert?
Dead Rock Machine :
C’était génial ! Les gens sont venus nombreux très tôt (DRM était le
premier groupe à jouer sur la scène A samedi, ndlr). Et de jouer sur la grande
scène avec ce son énorme c’était très impressionnant et enivrant.
DF : Quel
est votre meilleur souvenir de festival ?
DRM :
Sûrement la première fois qu’on a joué au Rock Dans Tous Ses Etats, en 2009. On
était sur la petite scène Gonzomobile. Là où jouent nos potes de Lascaux en ce
moment. Comme on est d’Evreux ça représente vraiment beaucoup pour nous ce
festival. On y a même participé en tant que bénévoles !
DF : Est-ce
qu’il y a des groupes programmés aujourd’hui que vous avez envie d’aller
voir ?
DRM :
Oui ! On a très envie de voir Die Antwoord, Airbourne et Rone, en électro.
Texte et interview: Kirana Chesnel // Photos: DR
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire