Mr. Crock est notre dernier gros coup de cœur. Après des passages
remarqués sur scène et sur les ondes radiophoniques, le groupe parisien a
produit un deuxième EP brillant, Aphrodesis, au style inclassable et foisonnant, à
l’image des personnalités qui l’ont composé. Par une belle fin d’après-midi
ensoleillée, dans les locaux de leur
studio de répétition, nous leur avons
demandé une interview et une session acoustique à découvrir sans plus attendre.
Marc (batterie), Christelle (chant-guitare), Benjamin (clavier-basse), Solène (accordéon-clavier) et Walter (chant-guitare). |
Comment s’est produite votre rencontre et la naissance du projet Mr. Crock ?
Marc : C’était il y a quatre ans, Chris devait participer à un
tremplin parisien et elle recherchait des musiciens…
Christelle : Oui, parce qu’on devait être au minimum trois sur
scène. Je connaissais Walter qui m’a dit
« J’ai une pote qui fait de l’accordéon (Solène), on pourrait peut-être
faire un son avec elle, ça pourrait être sympa guitare-accordéon pour une
chanson ». Et après il a ramené Ben et Ben a ramené Marc.
Solène : Non, Ben est arrivé avant moi. En fait Walter était
le seul à connaitre tout le monde, à part Marc.
Walter : Je suis le centre !
Christelle : Et en fait la formation finale s’est faite une
semaine avant le premier concert. C’est Marc qui est arrivé le dernier. Il
n’était pas du tout au courant qu’on allait faire un concert la semaine
suivante ! Du coup c’était assez spontané. Au début, on jouait mes compositions
et celles de Walter qu’on avait un peu arrangées ensemble en essayant de rajouter
un peu de clavier avec Ben et de la batterie. Ce n’était pas du tout prévu
qu’on continue en fait ! Mais ça a fonctionné parce qu’on a commencé à
faire des scènes grâce à ce tremplin (Alhambra, Elysée Montmartre) et à
composer ensemble. On a fait deux concerts sans nom de groupe et à partir du
troisième on a pris le nom de Mr. Crock qui était une compo de Walter.
Walter : Oui, Mr. Crock était une chanson que j’avais écrite et
composée. En fait c’était Mr. Krook mais
j’ai fait une erreur de prononciation et on a commencé à dire Mr Crock entre nous. Puis
quand il a fallu trouver un nom on a pensé soit à Mr Crock soit à The Spike
Heels.
Solène : Parce qu’on répétait à côté d’un resto qui s’appelait
Talon Aiguille. On a voulu le traduire en Anglais et ça donnait The Spike Heels
mais ça ressemblait trop aux Spy Kids, à
un nom de dessin animé ou de groupe adolescent qui fait du métal. Du coup on a
opté pour Mr. Crock.
Comment composez-vous et écrivez-vous vos morceaux ?
Chris : On compose vraiment tous les cinq. C’est cool parce
que je pense que dans les autres groupes le batteur par exemple n’a pas
forcément son mot à dire… Mais chez nous, s’il y a un passage dans une compo
qui ne plaît pas à l’un d’entre nous, on va le retravailler jusqu’à ce que tout
le monde soit content ! Après, ça peut partir de n’importe quoi, d’une
mélodie au clavier, à la guitare, à la basse…
Walter : Quand on compose on a vraiment énormément d’idées !
A la fin nos chansons sont comme elles sont, elles plaisent ou elles ne
plaisent pas mais en tout cas elles sont très riches et ça reflète notre manière de composer.
Solène : Pour ce qui est de l’écriture, il n’y a que Contrôle
qu’on a écrite tous ensemble.
L’inspiration vous vient de ce que vous écoutez ou bien en jouant
ensemble ?
Solène : Je pense que ça vient en jouant ensemble…
Walter : Non de ce qu’on écoute !
Solène : Oui de ce qu’on écoute aussi, mais vu qu’on écoute
tous des choses différentes, il y a un côté assez hétéroclite dans les choses
qu’on compose chacun de notre côté.
Chris : Comme on est tous autodidactes, à part Ben au clavier,
je pense que notre manière de jouer de notre instrument est intuitive et influencée par ce qu’on écoute. Et quand on
joue ensemble ça apporte de nouvelles choses, donc c’est un peu des deux.
Qu’est-ce que vous écoutez d’ailleurs ?
Solène : Marc il écoute du métal !
Marc : Enfin maintenant j’ai élargi ma palette. Mais c’est
vrai qu’au moment où on a formé le groupe j’écoutais beaucoup de métal, de
hardcore, de punk hardcore ! De la musique extrême. C’est vraiment avec le
groupe que je me suis ouvert à d’autres styles musicaux, que j’ai appris à
apprécier d’autres musiques. Ben m’a fait découvrir des rythmes un peu syncopés,
un peu latins, que je n’écoutais pas du tout avant.
Chris : Du coup il y a Marc qui est un peu « extrémiste »,
Ben qui est très « conservateur », qui écoute beaucoup de musique des
années soixante-dix ou du jazz. Avec Walt on est plus pop rock et Solène en ce
moment est plus électro par rapport à nous. Et du coup tout se mélange et
c’est marrant, on se fait découvrir des choses parce qu’on n’a pas du tout les mêmes
goûts. C’est rare les groupes qui nous mettent tous d’accord.
Pour composer vos propres
morceaux ce n’est pas trop compliqué de trouver un terrain d’entente ?
Walter : Si c’est un enfer ! C’est pour ça qu’on met
autant de temps pour sortir une musique !
Ben : On est resté combien de temps sur Contrôle ? Des
mois !
Solène : Quatre mois oui, entre le premier jet, le premier
squelette et le moment où on s’est dit « stop on n’en peut plus, elle est
parfaite ». Mais après on travaille d’autres trucs en même temps aussi.
Chris : En fait en général on fait des compos super longues
qui peuvent durer jusqu’à cinq minutes avec plein d’instrus et de changements
et après le travail est de tout filtrer.
Comment avez-vous produit votre nouvel EP,
Aphrodesis ?
Marc : On est en autoproduction, on
l’a enregistré avec nos propres moyens et l’aide d’un site de crowd-funding.
D’où vient ce nom, Aphrodesis ?
Solène : En
fait on s’est rendu compte que dans presque tous les titres de nos morceaux (Heart
& Bones, Love Machine, New Romance) et dans tous nos textes il y avait
toujours un lien avec l’amour, sous toutes ses formes, alors on a mélangé les
noms de deux déesses grecques qui reflétaient tous les aspect de l’amour :
Aphrodite déesse de l’amour et Esis, aussi connue sous le nom d’Isis, déesse de
la jalousie.
Qui a réalisé l’artwork de cet EP ?
Solène : C’est un ami graphiste,
Camille Léonard qui nous a fait cette pochette qui claque ! On est méga
contents. C’est un mec qui écoute beaucoup de musique donc il arrive à
comprendre ce qu’on veut faire passer, comment la musique peut ressortir en
images.
Chris : En fait il avait carte blanche
sur l’artwork mais il a vraiment travaillé avec nous. Il est venu en studio
quand on a commencé l’enregistrement d’Aphrodesis pour s’inspirer de notre son.
Il voulait travailler les textures, quelque chose de vraiment organique, ce qui
est cool parce qu’on était un peu dans le même délire niveau son et ça a bien
marché ! C’était vraiment une collaboration, c’était chouette !
Quels sont vos prochains projets ?
Chris : Après le studio on a pas mal
taffé le live parce que ce sont deux exercices complètement différents. En
studio on devait avoir des morceaux bien construits et arrangés alors qu’en
concert on se lâche un peu plus donc on a taffé ça cette année parce qu’on
espère faire de gros concerts et des premières parties par la suite (le groupe
a été présélectionné par le tremplin Talents du Live, ndlr). On ne pense pas
encore au prochain EP mais on compose toujours quand on a du temps !
La playlist de Mr. Crock
Propos recueillis par Kirana Chesnel // Photo : Aurélie Tournois
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