Dancing Feet: Mr. Crock : Amour, accordéon et punk hardcore

08/05/2014

Mr. Crock : Amour, accordéon et punk hardcore

Mr. Crock est notre dernier gros coup de cœur. Après des passages remarqués sur scène et sur les ondes radiophoniques, le groupe parisien a produit un deuxième EP brillant, Aphrodesis, au style inclassable et foisonnant, à l’image des personnalités qui l’ont composé. Par une belle fin d’après-midi ensoleillée, dans les locaux de leur studio de répétition, nous leur avons demandé une interview et une session acoustique à découvrir sans plus attendre.

Marc (batterie), Christelle (chant-guitare), Benjamin (clavier-basse), Solène (accordéon-clavier) et Walter (chant-guitare).

Comment s’est produite votre rencontre et la naissance du projet Mr. Crock ?

Marc : C’était il y a quatre ans, Chris devait participer à un tremplin parisien et elle recherchait des musiciens…

Christelle : Oui, parce qu’on devait être au minimum trois sur scène.  Je connaissais Walter qui m’a dit « J’ai une pote qui fait de l’accordéon (Solène), on pourrait peut-être faire un son avec elle, ça pourrait être sympa guitare-accordéon pour une chanson ». Et après il a ramené Ben et Ben a ramené Marc.

Solène : Non, Ben est arrivé avant moi. En fait Walter était le seul à connaitre tout le monde, à part Marc.

Walter : Je suis le centre !

Christelle : Et en fait la formation finale s’est faite une semaine avant le premier concert. C’est Marc qui est arrivé le dernier. Il n’était pas du tout au courant qu’on allait faire un concert la semaine suivante ! Du coup c’était assez spontané. Au début, on jouait mes compositions et celles de Walter qu’on avait un peu arrangées ensemble en essayant de rajouter un peu de clavier avec Ben et de la batterie. Ce n’était pas du tout prévu qu’on continue en fait ! Mais ça a fonctionné parce qu’on a commencé à faire des scènes grâce à ce tremplin (Alhambra, Elysée Montmartre) et à composer ensemble. On a fait deux concerts sans nom de groupe et à partir du troisième on a pris le nom de Mr. Crock qui était une compo de Walter.

Walter : Oui, Mr. Crock était une chanson que j’avais écrite et composée.  En fait c’était Mr. Krook mais j’ai fait une erreur de prononciation et on a commencé à dire Mr Crock entre nous. Puis quand il a fallu trouver un nom on a pensé soit à Mr Crock soit à The Spike Heels.

Solène : Parce qu’on répétait à côté d’un resto qui s’appelait Talon Aiguille. On a voulu le traduire en Anglais et ça donnait The Spike Heels mais ça ressemblait trop aux Spy Kids,  à un nom de dessin animé ou de groupe adolescent qui fait du métal. Du coup on a opté pour Mr. Crock.

Comment composez-vous et écrivez-vous vos morceaux ?

Chris : On compose vraiment tous les cinq. C’est cool parce que je pense que dans les autres groupes le batteur par exemple n’a pas forcément son mot à dire… Mais chez nous, s’il y a un passage dans une compo qui ne plaît pas à l’un d’entre nous, on va le retravailler jusqu’à ce que tout le monde soit content ! Après, ça peut partir de n’importe quoi, d’une mélodie au clavier, à la guitare, à la basse…

Walter : Quand on compose on a vraiment énormément d’idées ! A la fin nos chansons sont comme elles sont, elles plaisent ou elles ne plaisent pas mais en tout cas elles sont très riches  et ça reflète notre manière de composer.

Solène : Pour ce qui est de l’écriture, il n’y a que Contrôle qu’on a écrite tous ensemble.

L’inspiration vous vient de ce que vous écoutez ou bien en jouant ensemble ?

Solène : Je pense que ça vient en jouant ensemble…

Walter : Non de ce qu’on écoute !

Solène : Oui de ce qu’on écoute aussi, mais vu qu’on écoute tous des choses différentes, il y a un côté assez hétéroclite dans les choses qu’on compose chacun de notre côté.

Chris : Comme on est tous autodidactes, à part Ben au clavier, je pense que notre manière de jouer de notre instrument est intuitive et influencée par ce qu’on écoute. Et quand on joue ensemble ça apporte de nouvelles choses, donc c’est un peu des deux.

Qu’est-ce que vous écoutez d’ailleurs ?

Solène : Marc il écoute du métal !

Marc : Enfin maintenant j’ai élargi ma palette. Mais c’est vrai qu’au moment où on a formé le groupe j’écoutais beaucoup de métal, de hardcore, de punk hardcore ! De la musique extrême. C’est vraiment avec le groupe que je me suis ouvert à d’autres styles musicaux, que j’ai appris à apprécier d’autres musiques. Ben m’a fait découvrir des rythmes un peu syncopés, un peu latins, que je n’écoutais pas du tout avant.

Chris : Du coup il y a Marc qui est un peu « extrémiste », Ben qui est très « conservateur », qui écoute beaucoup de musique des années soixante-dix ou du jazz. Avec Walt on est plus pop rock et Solène en ce moment est plus électro par rapport à nous. Et du coup tout se mélange et c’est marrant, on se fait découvrir des choses parce qu’on n’a pas du tout les mêmes goûts. C’est rare les groupes qui nous mettent tous d’accord.

Pour composer vos propres morceaux ce n’est pas trop compliqué de trouver un terrain d’entente ?

Walter : Si c’est un enfer ! C’est pour ça qu’on met autant de temps pour sortir une musique !

Ben : On est resté combien de temps sur Contrôle ? Des mois !

Solène : Quatre mois oui, entre le premier jet, le premier squelette et le moment où on s’est dit « stop on n’en peut plus, elle est parfaite ». Mais après on travaille d’autres trucs en même temps aussi.

Chris : En fait en général on fait des compos super longues qui peuvent durer jusqu’à cinq minutes avec plein d’instrus et de changements et après le travail est de tout filtrer.

Comment avez-vous produit votre nouvel EP, Aphrodesis ? 

Marc : On est en autoproduction, on l’a enregistré avec nos propres moyens et l’aide d’un site de crowd-funding.

D’où vient ce nom, Aphrodesis ?

Solène : En fait on s’est rendu compte que dans presque tous les titres de nos morceaux (Heart & Bones, Love Machine, New Romance) et dans tous nos textes il y avait toujours un lien avec l’amour, sous toutes ses formes, alors on a mélangé les noms de deux déesses grecques qui reflétaient tous les aspect de l’amour : Aphrodite déesse de l’amour et Esis, aussi connue sous le nom d’Isis, déesse de la jalousie.

Qui a réalisé l’artwork de cet EP ?

Solène : C’est un ami graphiste, Camille Léonard qui nous a fait cette pochette qui claque ! On est méga contents. C’est un mec qui écoute beaucoup de musique donc il arrive à comprendre ce qu’on veut faire passer, comment la musique peut ressortir en images.

Chris : En fait il avait carte blanche sur l’artwork mais il a vraiment travaillé avec nous. Il est venu en studio quand on a commencé l’enregistrement d’Aphrodesis pour s’inspirer de notre son. Il voulait travailler les textures, quelque chose de vraiment organique, ce qui est cool parce qu’on était un peu dans le même délire niveau son et ça a bien marché ! C’était vraiment une collaboration, c’était chouette !

Quels sont vos prochains projets ?

Chris : Après le studio on a pas mal taffé le live parce que ce sont deux exercices complètement différents. En studio on devait avoir des morceaux bien construits et arrangés alors qu’en concert on se lâche un peu plus donc on a taffé ça cette année parce qu’on espère faire de gros concerts et des premières parties par la suite (le groupe a été présélectionné par le tremplin Talents du Live, ndlr). On ne pense pas encore au prochain EP mais on compose toujours quand on a du temps !


La playlist de Mr. Crock



Propos recueillis par Kirana Chesnel // Photo : Aurélie Tournois

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