Deux
univers différents se sont côtoyés ce jeudi soir au Nouveau Casino. D’un côté
un jeune prodige de l’électro qui, seul sur scène, défend habilement son dernier
EP. De l’autre, un groupe pop-rock influencé par les groupes californiens des
années 70 et dont les membres n’ont pas joué ensemble depuis quatre ans.
A 20
heures, Superpoze ouvre le bal. Il a la lourde tâche de chauffer la salle, au
moment où les spectateurs sont plus intéressés par la carte du bar que par ce
qui se passe sur scène. Le jeune Caennais d’à peine 20 ans prend place derrière
sa console et lance The Iceland Sound, premier titre de son EP From the
Cold, sorti en novembre dernier. Un morceau très rythmé, aux bases hip-hop. Et
pour cause : avant de se tourner vers l’électro, Superpoze a passé toutes
ses années lycées à écouter du rap. Cette culture musicale est prégnante dans
ses compositions, sans les alourdir. Les beats servent de base. Des nappes de
synthé aériennes, envoûtantes sont le corps du morceau. Puis vient la touche
finale : sample de voix ou d’instrument, qui peut aller du violon au
saxophone, en passant par des guitares ou un xylophone. Cette richesse fait
mouche. Petit à petit les spectateurs quittent le bar pour se rapprocher de la
scène, intrigués par ce jeune artiste qui, seul derrière ses platines, balance
ses gimmicks terriblement efficaces. Deux titres de son premier album Lost Cosmonaut, sorti deux ans plus tôt,
complètent la setlist : Sweet September et Monkey Attack. Le set se
termine, Superpoze quitte la scène. Les spectateurs ont le sentiment qu’ils
n’ont pas fini d’entendre parler de lui.
Après
un rapide démontage de la table de mixage, c’est au tour de Tahiti Boy et ses camarades de Palmtree Family d’investir la scène. Eux aussi ont un EP à
défendre : Fireman, sorti en novembre dernier, soit plus de quatre ans
après leur premier album Good Children Go To Heaven. Avec ces nouvelles
chansons, les musiciens affichent à nouveau leur attachement à la scène
musicale des seventies. Mais d’autres références plus modernes parsèment les
morceaux. Ainsi, si Madeline fait penser aux Beach Boys, Fireman lorgne du
côté de MGMT, Thank You For The Radio vers Metronomy. Les chansons, nouvelles
et anciennes, passent très bien sur scène. Le nombre important de musiciens
(sept !) permet d’interpréter les morceaux sans les appauvrir.
Complémentaires, Tahiti Boy et the Palmtree Family s’échangent leurs
instruments. Le chanteur remplace le guitariste derrière les claviers, bientôt
rejoint par le bassiste, quand de son côté, le percussionniste se met à la
flûte traversière…Cela aurait pu faire une joyeuse troupe, à la bonne humeur
communicative. « Aurait », et c’est bien ce qui est dommage. Concentré
derrière son instrument, chaque membre joue dans son coin, sans qu’un regard
soit échangé avec les autres. Lors de la deuxième chanson, Tahiti Boy cherche
en vain les yeux le guitariste pour créer une complicité. Résultat :
l’énergie qu’on est en mesure d’attendre d’un live fait cruellement défaut. On attend patiemment que quelque
chose se passe. Ce n’est qu’à la fin du concert que les comparses commenceront
à se dérider, à échanger des regards, des sourires. On aurait aimé que cela arrive plus tôt.
Superpoze
Tahiti Boy
Texte: Audrey Bourdier // Photos: Nina Airtz
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